Thursday, July 12, 2007

Le jardin de la rue Hannequin (de mémoire)


Notre famille a peu de photos récentes du jardin de mes grands-parents maternels (“le pépé” et “la mémé.”) Leur maison rue Hannequin à Reims a été vendue au fils de leur voisine il y a déja au moins cinq ans. La dernière fois que j’ai vu ce jardin, c’était en 2001. Ma grand-mére n’était plus là, morte l’été precedent, alors que V. et moi étions en visite à Kansas City, où sa soeur et sa famille habitaient alors. Mon grand-père habitait alors toujours là, dans sa maison de la rue Hannequin, malgré son âge avancé et sa mémoire passablement défaillante. Le jardin était alors presque à l’abandon. Personne n’ayant plus le temps ou l’énergie de s’en occuper beaucoup, la nature reprenait peu à peu ses droits dans ce grand jardin de ville.

Il n’en avait pas toujours été ainsi, loin s’en faut. Du temps où j’étais enfant, adolescent et même adulte, ce jardin était entretenu régulièrement et avec minutie. Les rôles étaient assez strictement définis. Mon grand-père se chargeait de tondre la pelouse, ou plutôt de “couper” la pelouse vu qu’il utilisait des ciseaux (il faut dire que les surfaces gazonnées étaient minuscules), de tailler les arbustes, de planter le potager et de ceuillir cerises, poires et parfois pêches quand les pêchers de vigne donnaient des fruits. Ma grand-mère cueillait les fleurs, s’occupait du désherbage et du sarclage, aidait à ramasser les légumes (haricots verts, haricots “beurre,” petits poids?) et à cueillir les fruits (groseilles, framboises, cerises).

C’était un jardin utilitaire. Un terrain de jeux pour les petits-enfants, certes, c’est à dire pour moi, mon frère et mes cousins en visite, mais les adultes n’utilisaient pas ce jardin pour le farniente. Car c’était un jardin entièrement dédié à la culture des fleurs, des légumes et des fruits, avec une partie réservée à l’élevage des poules et des lapins. (Celà se fait-il encore dans une ville comme Reims? Au cours d’une visite un matin dans le vieux quartier de Zemun à Belgrade, j’ai entendu des coqs chanter, ce qui semble indiquer que certaines villes d’Europe ont encore, comme le jardin de mes grands-parents, des airs de campagne.)

Certains moments passés dans ce jardin sont gravés dans ma mémoire. Le premier, alors que j’étais enfant, allongé sur la pelouse du jardin du haut à regarder passer les nuages. D’ autres souvenirs sont plus récents. Quand par exemple, lyçéen, il m’arrivait d’arriver chez mes grands-parents à l’improviste si un de mes cours était annulé en dernière minutes. Le lyçée était à une bonne demi-heure de marche de chez eux. Après avoir sonné (je ne téléphonais même pas pour annoncer ma visite; il y avait toujours quelqu’un à la maison), et embrassé ma grand-mère, une de mes premières réactions était d’annoncer que j’allais “faire un tour de jardin.” Le but était d’aller décrouvir quels fruits étaient mûrs et ce qui avait changé depuis ma dernière visite. Je me souviens bien d’une telle visite l’après-midi de l’oral de mon bac français, donc au début de l’été 1980, en pleine saison des groseilles. C’était une chaude journée de la fin du mois de juin. Cet oral ne s’était pas très bien passé mais je me souviens encore de l’effet apaisant de la visite au jardin.

Le jardin était sur deux niveaux que l’on appelaient respectivement “le haut” et “le bas.” Le haut était de superficie réduite, peut-être une quarantaine de mètres carrés. Il était limité sur le côté gauche par un mur en briques rouges sur lequel s’agrippait une grosse vigne vierge, et sur la droite par les murs beaucoup plus hauts des maisons voisines. Tournant le dos au hall d’entrée de la maison, laissant la cuisine sur la droite, le “haut” commençait par un parterre de dahlias rouges, bordé de touffes de fleurs à clochette bleues. Une allée centrale cimentée amenait vers le jardin du bas. Sur la gauche de cette allée se trouvaient successivement: une pelouse minuscule (où l’on pouvait s’allonger et regarder passer les nuages), avec le long du mur un pommier du Japon, puis un petit espace bordé par le mur du bas où se trouvait un banc en pierre ou en ciment. Sur la partie droite de ce jardin du haut, se trouvaient des plates-bandes où on cultivait des légumes (haricots, etc.). Des années plus tard, cette partie droite avait été envahie dans toute sa longueur par les “California poppies,” ces coquelicots de Californie d’un jaune orangé et au feuillage gris-vert. J’en avait acheté un paquet de graine aux Etats-Unis (au cours d’un voyage en Californie peut-être?) et l’avait envoyé par la poste à ma grand-mère. Au fil des années, elle avait laissé ces coquelicots se resemer sur toute la partie droite du jardin du haut, ce que le pépé trouvait exagéré.

Le “bas” était beaucoup plus vaste (il l’est toujours: en le regardant d’en haut, grâce à Google Earth, on s’aperçoit qu’il est toujours là, sans changements majeurs de sa géographie.) On y accédait par un escalier le long du mur de séparation entre haut et bas. Sur la gauche, donc derrière l’escalier se trouvait le tas de fumier où l’on compostait les épeluchures de légumes et autre végétaux. En bas de l’escalier, on se trouvait en face d’un autre carré de pelouse avec en son centre un gros poirier. Tout autour de cette pelouse se trouvaient de belles anémones du Japon blanches, des fraisiers des bois, des rosiers et des rosiers nains à fleurs rouge foncé. A droite de la pelouse, le long d’un autre mur, se trouvait un gros seringa. (Là encore, alors que je n’ai pas vu de ces arbres ici aux Etats-Unis, j’ai vu de magnifiques seringas en fleurs à Belgrade; une ville qui est donc peut-être le catalyseur de ces souvenirs). Le jardin du bas avait aussi plusieurs allées, dont une allée centrale, qui menait jusqu’au garage. Ces allées recouvertes de gravier étaient délimitées de chaque côté par des bouteilles de champagne enfoncées à demi dans la terre, la tête en bas, dans lesquelles poussaient des petites fougères et autres plantes qui profitaient de l’humidité coinçée là. Une photo retrouvée récemment montre ma grand-mère acroupie dans une de ces allées, cueillant des narcisses.

On trouvait aussi dans ce jardin du bas toute une zone réservée aux animaux: des cabanes à lapin dans un appentis (remise à outils) et un poulailler. La ceuillette des “herbes à lapin,” était une occupation régulière du dimanche pour mes grands-parents. A côté du poulailler se trouvait un bac pour l’eau de pluie qui était posé juste sous une gouttière. L’arrosage du jardin s’effectuait exclusivement avec cette eau. S’il s’occupait de nourrir ces animaux tous destinés à se retrouver un jour ou l’autre dans nos assiettes, mon grand-père n’a jamais pu se résoudre lui-même à occire les lapins ni à tordre le cou des poules. Ces tâches ingrates étaient le domaine réservé de la tante Gette (sa soeur aînée), qui habitait à une dizaine de minutes à pieds de la rue Hannequin N’ayant bien sur jamais assisté de visu à ces opérations, je ne sais pas si elles se passaient rue Hannequin ou chez ma grand-tante. Je ne me souviens plus à qui revint cette fonction quand cette dernière mourut.

Le cerisier du pépé, une des fiertés de ce jardin, car pouvoir cueillir des paniers de cerises en pleine ville de Reims est somme toute un exploit, était au fond du jardin du bas, à droite du garage. C’était un arbre qui donnait des cerises aigres, d’un rouge orangé, à la chair jaune très juteuse. Ces cerises étaient destinées aux tartes, à la confiture, aux bocaux et aussi à ces cerises à l’eau de vie que la mémé préparait la saison venue. Derrière le cerisier, le long des murs donnant sur la rue B. à l’arrière du jardin et sur laquelle ouvrait la porte du garage, on trouvait les groseillers. Il y avait là des groseilles blanches que l’on mangeait "nature" car elles étaient très sucrées, des groseilles rouges pour la confiture (ou plutôt la gelée) et des groseilles à maquereau, don’t le nom m’a toujours semblé bizarre.

Le garage, du temps de mon enfance, ne contenait plus guère qu’ une vieille voiture (une aronde?) qui n’était plus utilisée par personne depuis longtemps. Mon grand-père n’ avait jamais été, de toutes façons, un as du volant: on se raconte volontiers dans la famille ses péripéties en montagne du temps où il avait décidé d’ emmener un été sa famille en vacances, alors qu’il n’avait jamais appris à faire de démarrages “en côte.” Ce garage était en quelque sorte à un troisième niveau, à moitié enterré. On y accédait par un petit escalier bordé à gauche par un rosier dont les fleurs étaient jaunes et très parfumées. Le garage était une stucture en fer, à demi cylindrique, recouverte de terre sur laquelle l’herbe poussait naturellement (à moins qu’on n’y eut planté de la pelouse?). Ce talus artificiel exerçait une facination certaine sur nous les gosses. Je crois me rappeler que son accés (pour y jouer) était limité. C’est le premier endroit où j’ai du voir de la citronelle, que ma grand-mère recommandait contre les piqûres de moustiques.

J’arrive à la fin de ce tour de jardin fait de mémoire. J’aimerais y retrourner un jour pour voir se qu’il en est advenu. Mais en attendant, ce jardin revit en partie dans ceux de mes parents, celui de mon frère en Bretagne, et peut-être dans d’autres encore, où l’on a replanté des greffes d’arbres, fraisiers, anémones et narcisses, récupérés dans ce jardin de la rue H. avant qu’il ne soit vendu avec la maison.

[N.B. Ces photos ont été prises le 13 Juillet, 2007 dans le “Sobriety Garden,” c’est à dire le “Jardin de la sobriété,” un jardin qui se trouve dans l’enceinte de l’hôpital de Bellevue, à New York, où je travaille.]


Tuesday, July 3, 2007

A weekend in Belmar (Jersey Shore) - Un weekend à Belmar

T. and P.’s garden in Belmar, New Jersey. [Le jardin de T. et P. à Belmar.]

T. and P.’s garden in Belmar. The garage is on the left, the bicycle shed and the compost box are all the way in the back. [Le jardin de T. et P. à Belmar avec le garage sur la gauche, l’abri à vélos et la boîte à composte tout au fond du jardin.]







The plant shed. [La petite verrière.]


The boardwalk in Belmar. My bike is the red and green one, bought at a yard sale a few years ago for $5. [Les planches à Belmar. Mon vélo est le rouge et vert, acheté dans un vide-grenier pour la somme de 5 dollars il y a quelques années.]

The beach in Belmar on Sunday morning. [La plage de Belmar, le dimanche matin.]

The lifeguards in Belmar. [Les sauveteurs de Belmar.]

A colorful Victorian in Ocean Grove, New Jersey. [Une maison victorienne, colorée et typique d’Ocean Grove.]

A street going to the beach in Ocean Grove. [Une rue qui mène à la plage à Ocean Grove.]